« Une politique se juge par ses résultats. » (Charles Maurras)

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Martin Motte, ancien élève de l’ENS-Ulm, est agrégé et docteur en histoire, directeur d’études à l’École pratique des hautes études. Il est par ailleurs félibre, d’où sa connaissance du patrimoine littéraire provençal. Il a codirigé avec le professeur Georges-Henri Soutou (de l’Institut) Entre la vieille Europe et la seule France : Charles Maurras, la politique extérieure et la Défense nationale (Economica, 2009), est l’auteur de plusieurs articles prolongeant le livre (notamment dans le Cahier de l’Herne consacré à Maurras en 2011) et a par ailleurs étudié l’esthétique maurrassienne à l’occasion des colloques « Maurrassisme et littérature » (actes publiés en 2012 aux éditions du Septentrion) et « Charles Maurras, soixante ans après » (actes publiés en 2013 aux Éditions Tequi).

 

Jean-Christophe Buisson est directeur adjoint du Figaro Magazine et présentateur de l’émission Historiquement show sur la chaîne Histoire. Il est notamment l’auteur de 1917, l’année qui a changé le monde (Perrin, 2016).

 

Ils ont publié chez Robert Laffont, dans la célèbre collection « Bouquins », un volumineux recueil de textes de Charles Maurras (1868-1952) intitulé L’avenir de l’intelligence et autres textes donnant un bon aperçu de la pensée et de l’œuvre du journaliste, essayiste, homme politique et poète français, académicien et théoricien du nationalisme intégral dont l’aura, avant la Seconde Guerre mondiale, fut équivalente à celle de Jean-Paul Sartre dans les années qui suivirent le conflit.

 

Doté d’un talent littéraire incontestable et ardent polémiste, Charles Maurras dirigea le journal L’Action française, fer de lance de l’Action française, formation royaliste, nationaliste, contre-révolutionnaire et antidémocratique, qui fut le principal mouvement intellectuel et politique d’extrême droite sous la Troisième République. Sa doctrine, définie par Maurras, prônait une monarchie héréditaire, antiparlementaire et décentralisée, tout en se revendiquant antisémite, antiprotestante, antimaçonnique et xénophobe.

 

Avec plus de dix mille articles publiés entre 1886 et 1952, il demeure le journaliste politique et littéraire le plus prolifique de son siècle.

 

Maurras soutint dès 1940 le régime de Vichy et le maréchal Pétain, s’enthousiasmant pour la fin de la démocratie et de la République ainsi que pour l’instauration d’une législation antisémite et la création de la Milice. Poursuivant la publication de L’Action française sous l’occupation allemande, il y réclame notamment l’exécution des résistants qu’il dénonce comme « terroristes » et « révolutionnaires ». Arrêté à la Libération de la France, il fut condamné, pour intelligence avec l’ennemi et haute trahison, à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale, le 28 janvier 1945. De cette dernière condamnation découla son exclusion automatique de l’Académie française (qui attendit cependant sa mort pour procéder à son remplacement) ainsi que du Félibrige.

 

Son activité à la tête de son mouvement politique éclipse aujourd’hui son œuvre de littérateur bohème lié aux avant-gardes [1].

 

Nous recopions ici le prière d’insérer de l’ouvrage :

 

« L’œuvre de Maurras est aussi vaste que diverse. Outre la politique, abordée sous l’angle d’une anthropologie fondamentale (notamment dans La Politique naturelle) ou dans les commentaires au jour le jour de L’Action française, elle comprend des essais de critique littéraire et philosophique, des récits autobiographiques, des récits de voyage, des nouvelles, un roman, de la poésie…

 

Ce volume réunit les textes fondamentaux du directeur de L’Action française. Le choix opéré a été guidé par l’ambition de couvrir le champ le plus large possible, des textes fédéralistes de jeunesse à la somme de références que constitue Mes idées politiques (reprises presque in extenso) en passant par la réflexion sur les rapports entre littérature et politique (L’Avenir de l’intelligence, Trois Idées politiques), entre philosophie et politique (Auguste Comte), mais aussi la politique étrangère et la géopolitique, avec de larges extraits de Kiel et Tanger, et le testament politique constitué par Votre bel Aujourd’hui, dans lequel Maurras revient sur la Seconde Guerre mondiale et adapte sa pensée au contexte de la guerre froide naissante, de la dissuasion nucléaire, etc. Quant à la vingtaine d’articles de L’Action française retenue, elle couvre les moments forts de l’analyse maurrassienne et en montre tant les grandeurs (dont la dénonciation du péril nazi dès le milieu des années 1920, non seulement comme menace géopolitique, mais aussi comme aberration mentale) que les bassesses, avec les textes consternants contre les Juifs et les résistants. Des extraits du procès Maurras viennent compléter ce point.

 

La partie autobiographique comprend les Quatre nuits de Provence, où Maurras conte à la fois son enfance et son initiation métaphysique, la préface à Sans·la muraille des cyprès, confession d’une expérience traumatique            t qui lui inspire une leçon politique, la Confession de Denys Talon et des extraits d’Au signe de Flore, autobiographie politique où il explique la naissance de l’Action française.

 

On trouve aussi dans le volume des textes consacrés aux arts et à la critique d’art, des récits de voyage, des méditations sur l’évolution du paysage à l’ère industrielle, de larges extraits des Amants de Venise (livre sur l’amour romantique appréhendé à travers la liaison de Musset et de George Sand) et même un long texte sur la cuisine provençale, et enfin la monographie consacrée à Frédéric Mistral, dont il a été le maître et l’ami.

 

Figure aussi la majeure partie des poèmes publiés ainsi que des poèmes érotiques inédits, qui permettent d’entrevoir un tout autre Maurras que celui qui s’est imposé dans le débat public. »

 

Et l’avis du directeur de la collection « Bouquins » :

 

Rééditer Maurras ? À l’heure où paraît ce volume, la question fera probablement débat. Au nom de quels principes des livres déjà existants devraient-ils se voir interdits de nouvelle publication ? Ce serait abdiquer face à des diktats incompatibles à nos yeux avec cette liberté d’expression dont notre pays reste l’un des meilleurs symboles. Pour autant, faut-il livrer tels quels des textes d’auteurs réprouvés à juste titre pour certains de leurs engagements ? L’un des intérêts de les exhumer est précisément de pouvoir apporter aux lecteurs, en s’appuyant sur le travail des meilleurs historiens, tous les moyens de les apprécier en connaissance de cause.

 

Charles Maurras fut au XXsiècle une figure centrale de notre histoire nationale. Après l’avoir influencée de son vivant, ses écrits ont continué d’irriguer, de manière plus souterraine, la vie politique de notre pays, en inspirant aussi bien l’esprit monarchique de nos institutions que les choix géopolitiques de notre diplomatie. Maurras fut aussi l’un des écrivains les plus admirés de sa génération : Proust, Apollinaire ou Malraux ont salué en lui un esthète exigeant et un poète métaphysique dont l’œuvre puise aux sources gréco-latines, toscanes et provençales.

 

Ce sont tous ces aspects du kaléidoscope Maurras, des polémiques les plus ignobles aux méditations les plus élevées, qui sont présentés dans ce volume. »

 

En tout cas, voici un outil remarquable pour les historiens, les chercheurs et les politologues…

 

Bernard DELCORD

 

L’avenir de l’intelligence et autres textes par Charles Maurras, édition établie et présentée par Martin Motte, préface de Jean-Christophe Buisson, Paris, Éditions Robert Laffont, collection « Bouquins », avril 2018, 1280 pp. en noir et blanc au format 13,2 x 19,7 cm sous couverture brochée en couleurs, 32 € (prix France)

[1] Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Maurras

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