« Que serait la francophonie si personne ne parlait français ? » (François Mitterrand)

Archéologie du texte littéraire dit francophone – 1921 1970 201x300 - « Que serait la francophonie si personne ne parlait français ? » (François Mitterrand)

Maître de conférences à l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, Ferroudja Allouache [1] a fait paraître aux Classiques Garnier à Paris le texte de sa thèse de doctorat sous le titre Archéologie du texte littéraire dit « francophone » – 1921-1970 dans lequel elle dissèque l’élaboration du texte littéraire francophone à partir du prix Goncourt attribué en 1921 à l’écrivain martiniquais René Maran (1887-1960) pour Batouala – Véritable roman nègre, dont la préface dénonce certains excès du colonialisme, jusqu’aux Soleils des indépendances de l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma (1927-2003), paru en 1970.

 

Ferroudja Allouache en reconstitue l’archéologie, analyse sa réception dans la presse française et propose une nouvelle approche du concept de « francophonie » compris dans son acception hexagonale ayant désigné au début des années 1960 les écrivains des anciennes colonies françaises et des Antilles.

 

Elle aborde avec finesse et sans dogmatisme, en la découpant en trois périodes historiques (1921-1946 ; 1947-1961 et 1961-1970), la question des rapports de domination imposés par les milieux politiques et littéraires de la Métropole qui ont tenté de mettre sous le boisseau l’œuvre d’auteurs issus des colonies ou y vivant (Bakary Diallo, Ousmane Socé, Chukri Khodja, Jean El-Mouhouv Amrouche…), puis celle des élans de libération qui ont abouti à la reconnaissance progressive des écrits de Léopold Sedar Senghor (1906-2001), de Pham Van Ky (1910-1992), de Léon-Gontran Damas (1912-1978), d’Aimé Césaire (1913-2008), de Joseph Zobel (1915-2006), de Frantz Fanon (1925-1961), de Yacine Kateb (1926-1989), de Driss Chraïbi (1926-2007) et autres Édouard Glissant (1928-2011) dans le champ littéraire français, et enfin celle de l’inscription de la « francophonie » dans le cadre de la fin de l’empire colonial français (en ce compris Haïti) avec des figures comme celles de Bernard Binlin Dadié (°1916), de Mohammed Dib (1920-2003), d’Ousmane Sembène (1923-2007), de Jacques-Stephen Alexis (1922-1961), de René Depestre (°1926), de Mongo Beti (1932-2001), d’Assia Djebar (1936-2015), de Yambo Ouologuem (1940-2017)…

 

L’auteure traite aussi d’éléments clés comme le choix de la langue et les rapports entretenus avec celle-ci ou la transmission aux étudiants par le biais des anthologies littéraires (qui ne sont jamais neutres…)

 

Proficiat !

 

Bernard DELCORD

 

Archéologie du texte littéraire dit « francophone » – 1921-1970 par Ferroudja Allouache, Paris, Éditions Classiques Garnier, collection « Bibliothèque francophone », juillet 2018, 457 pp. en noir et blanc au format 15 x 22 cm sous couverture brochée en couleurs, 46 € (prix France)

 

TABLE DES MATIÈRES

 

INTRODUCTION

Penser une autre histoire littéraire francophone

 

PREMIÈRE PARTIE

LE CADRE HISTORIQUE

 

L’INEXISTENCE VISIBLE

Histoire littéraire.

Francophonie, frontières, héritage et dette

Littératures francophones.

La difficile mise en place d ‘ une tradition

Première période littéraire.

Construction discursive de l’inexistence

 

LES DISCOURS PRÉFACIELS

Entre affiliation et exclusion

Les préfaces aux écrivains précurseurs.

Une paternité sans fraternité

Pour une « fraternité sans paternité » ?

Desnos et Pillement

Figure 1.

Maran et le scandale de Batouala

 

UNIVERS COLONIAL ET ESPACE LITTÉRAIRE

Des Algérianistes à l’École d’Alger.

Esquisse d’une nouvelle histoire littéraire ?

Figure 2.

Jean El-Mouhouv Amrouche, ou les situations paradoxales

 

DEUXIÈME PARTIE

PRÉSENCE ET ABSENCE

UNE PRODUCTION LITTÉRAIRE EXISTANTE, MAIS INVISIBLE

 

LE TEMPS DES LITTÉRATURES

Anthologies, revue et préfaces

Seconde période littéraire.

Continuité et rupture (1947-1948)

Production d ‘anthologies.

Écrire, inscrire une histoire dans l’Histoire ?

Présence africaine.

Création d’une revue et imposition d’une littérature

Figure 3.

« Orphée Noir », la préface de Sartre

 

QUAND LA LITTÉRATURE DEVIENT MACHINE À PRODUIRE DE L’HISTOIRE

Naissance du roman maghrébin et attente du public métropolitain

Les années 1956-1958.

Un tournant dans la réception ?

Figure 4.

Memmi et Sartre, l’effondrement de l’Empire

 

PASSIONS FRANÇAISES

Réception hexagonale.

Entre lecture littéraire et approche politique

Figure 5.

Fanon et Sartre, la préface-hapax

 

TROISIÈME PARTIE

RÉCEPTION ET FABRIQUE DE L’A-GÉNÉALOGIE

 

FABRIQUER, NOMMER, CLASSER

1962-1970 : définition, délimitation, reterritorialisation

Figure 6.

Dib et Aragon, le sacre du poète

 

FAIRE (DE) LA LITTÉRATURE

Nouvelles anthologies.

Pour une histoire littéraire décolonisée ?

Les secrets de fabrication de la francophonie

 

LANGUE ET LITTÉRATURE

Langue et espace littéraire

Minorer la langue majeure

Figure 7.

Ahmadou Kourouma, ruptures et changements

 

CONCLUSION

« L’inquiétant langage de la fiction » francophone

 

BIBLIOGRAPHIE

 

INDEX DES NOMS

 

INDEX DES ŒUVRES

[1] Elle est notamment l’auteure, en collaboration avec Nicole Blondeau (elle aussi maître de conférences à l’université Paris 8), de quatre ouvrages édités par votre serviteur pour le compte des Éditions Clé International à Paris : Littérature progressive de la francophonie, 2008, Littérature progressive du français. Niveau avancé, 2005, Littérature progressive du français. Niveau débutant (aussi avec Marie-Françoise Né), 2004 et Littérature progressive du français. Niveau intermédiaire, 2003.

 

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